Aujourd’hui, pas plus que jamais, la diaspora RDcongolaise en Belgique sur le plan des affaires, dans l’économie dite réelle est à la traine. Dans le fait, nous ne pesons pas économiquement. Il est vrai que la communauté RDcongolaise, d’une manière générale, participe dans l’économie belge, mais passivement. Simplement, étant consommateurs.
Un homme politique belge Theo Francken (N-VA, le Nieuw-Vlaamse Alliantie, en français Alliance néo-flamande ou Nouvelle Alliance flamande) avait publié sur son compte Facebook du 21 novembre 2011 suite à la lecture d’un article de The Economist. L’article en question est intitulé « La magie des diasporas ». Il traite de la valeur ajoutée économique des immigrés pour les économies des pays d’accueil. Je cite : « Je peux me figurer la valeur ajoutée des diasporas juive, chinoise et indienne mais moins celle des diasporas marocaine, congolaise ou algérienne ». Face à cette sortie, des représentants de la communauté RDcongolaise de Belgique, parmi lesquels se trouvait la porte-parole du forum des associations congolaises de l’étranger, Béatrice Leonard Lomami, se sont dits blessés et sont montés au créneau pour dénoncer les propos tenus par ce dernier sur la plus-value économique de certaines immigrations. Malgré ses propos, l’homme a gardé son poste, soutenu par son président du parti, Bart de Wever, le tout-puissant homme politique flamand de Belgique de ces dernières années et du Premier ministre Belge de l’époque, Charles Michel du Mouvement Réformateur (MR). Au moment où j’écris ces pages, depuis plus de 444 jours, la Belgique n’a pas encore un gouvernement issu de dernières élections, faute d’accord entre partis politiques. C’est le gouvernement en affaires courantes présidé par madame Sophie Wilmés (MR) qui pilote la Belgique. C’est du Belge.
Et pourtant, tout avait bien débuté au milieu des années 80. A cette époque, une flopée de commerces tenus par la communauté RDcongolaise de tous genres allant de l’habillement et de ces accessoires, en passant par la restauration, à l’épicerie et aux salons de coiffure florissait et, tout particulièrement à Bruxelles. La plupart dans l’une des 19 communes de la capitale du Royaume de Belgique, à l’occurrence la commune d’Ixelles dans la galerie qui porte son nom, dite galerie d’Ixelles. Aujourd’hui, ce lieu est rebaptisé Matongé, voire un arrêt de bus. Une fois, vous descendez de la station de métro Porte de Namur, vous êtes dans le square qui porte fièrement le nom. Vous vous croiriez quelque part dans une ville de l’Afrique subsaharienne. Ça faufile dans tout le sens. Il y a ceux qui vous accostent pour vous proposer sous le manteau ou à vue d’œil un produit à acheter, allant d’une blouse, d’une chemise, d’une montre, d’un smartphone,… voire d’une paire de chaussures ou ceux qui vous invitent pour vous faire coiffer. A l’intérieur de la galerie d’Ixelles, ça grouille de partout avec un énorme vacarme. De mamans, voire des hommes qui vous proposent à même le sol, si pas quatre ou cinq « safu » au prix de 2 ou 3€ dans un petit sachet, voire aux sorties du métro. Rendez vous en ce lieu un vendredi ou samedi à partir de 17 heures, vous trouverez un monde fou. Il y a ceux qui viennent pour acheter, pour visiter le lieu et les badauds. Rare sont ceux qui ne sont pas tirés à quatre épingles.
Trois décennies plus tard, ces échoppes disparaissent l’une après l’autre pour laisser place à celles tenues par les Pakistanais, les Indiens, les Libanais… Ils nous ont presque tout raflé, si ce n’est que les salons de coiffure, quelques boutiques et restaurants malfamés qui tiennent encore le coup. Et, pour combien de temps encore ? Certaines communautés étrangères ont carrément pris position dans certaines avenues commerciales de Bruxelles, tels les Turques avec la rue du Brabant dans la commune de Schaerbeek et de la rue de Wayne tenue par les Marocains dans la commune d’Anderlecht. Pendant que d’autres communautés s’enracinent économiquement, celle issue de la République Démocratique du Congo perd pied. Ce bout de terre congolaise « Matongé » dans Bruxelles est très convoité. Les promoteurs immobiliers sont à l’affût. On parle même de chinois. Ils veulent racheter ce lieu. D’autant plus, ce quartier n’est qu’à deux pas des institutions européennes. Les jours nous sont comptés. Une fois vendue, avec lui, l’histoire de la communauté RDcongolaise de Bruxelles disparaîtra à jamais. Pendant ce temps, les autres communautés ne se laissent pas abattre. Ils ne font pas de la figuration.
Un exemple parmi tant d’autres. Un supermarché marocain a ouvert en province d’Anvers. Selon le propriétaire de MyFood, dixit Canal Z (une chaîne de télévision économique et financière privée du groupe Roularta diffusée en Communauté française de Belgique. Son pendant flamand Kanaal est diffusé en Néerlandais en Région flamande), le magasin de plus de 1300 m² est unique en son genre est ouvert à Deurne en Région Anversoise. Si le concept fait son chemin, MyFood souhaite ouvrir une série de supermarchés dans toute la Belgique et aux Pays-Bas dans les années à venir. Dans ce segment, où se situe la communauté RDcongolaise de Belgique. Elle est à bout de souffle. A qui la faute ? Si pas à nous-mêmes RDcongolais.
Un constat regrettable et dommageable pour les affaires pour la communauté RDCongolaise en Belgique, voire à travers le monde. Le RDCongolais n’achète pas chez son compatriote. Il faut les voir chaque vendredi et samedi venant de par l’Europe (Grande-Bretagne, Pays-Bas, France, Allemagne, Suisse, Grand-duché de Luxembourg, Italie…) chez Georges, une boucherie tenue par des Belges de souche dans le célèbre marché bruxellois Abattoir ou marche du midi. Ils sont alignés, voire l’un sur l’autre, en se bousculant, en pourrait entendre voler par moments de noms d’oiseaux, et parfois être témoins à des bagarres, tout ceci pour s’approvisionner en viandes fumées, qui de passage, sont de qualité douteuse où une odeur peu commode vous reste sur la main. Malgré cela, ils continuent de les raffoler. Ces commerçants ont une technique d’approche commerciale bien orchestrée, voire mercantile qui fait toujours mouche. Ils apprennent quelques mots en lingala qu’ils distillent à tour de bras, tels que « Mbote Maman, Biloko talo moké, tokokakola talo et j’en passe ». Vous entendrez de RDcongolais s’extasier. Ils parlent aussi notre langue. En somme, ils n’en connaissent que ces bribes.
Or, il suffit de traverser la rue pour s’approvisionner auprès de certains commerçants africains de mêmes produits, voire aux cent près. Le complexe d’infériorité continu à faire ses ravages. Tout ce qui est produit et vendu par le type européen, pour ne pas le dire « le blanc », est toujours de qualité.
Des anecdotes, il en a beaucoup. En voici une, mais très courante. Qui nous est devenu familière à la longue et nous nous accommodons. Une ou deux fois par mois, nous descendons à Bruxelles pour s’approvisionner en denrées africaines auprès des échoppes tenues par les RDcongolais. Il nous est arrivé d’être témoins de faits surréalistes. Pendant que nous étions entrain d’achalander, une dame du type africain (femme noire) nous passâmes dans ses bras un sachet bien achalandé, tout en remerciant d’un geste de la main la vendeuse. Une fois partie, la dame tout en retenue, nous dira ceci : « Ils ou elles viennent ici uniquement pour se soulager et pourtant, ce qu’ils achètent ailleurs, je les ai aussi. Pire encore, ils viennent prendre à crédit lorsqu’ils sont en difficulté ». Elle nous a montré avec dépit un cahier où on y voit les noms de personnes endettées auprès d’elle. Allez-y comprendre quelque chose. (A suivre).
De notre correspondant
en Belgique
Claude Nsamu