En visite officielle à Kinshasa, le 12 octobre 2020, le ministre des Affaires étrangères du Congo Brazzaville, Jean Claude Gakosso était porteur d’un message du président Sassou à son homologue Félix Tshisekedi. Au sortir de l’audience lui accordée par le chef de l’Etat congolais, il a livré l’objet de sa visite aux médias : remettre l’invitation au président de la République pour participer, le 27 octobre, à Brazzaville, en tant que futur président de l’Union africaine, au colloque de célébration du 80eme anniversaire de Brazzaville en tant que capitale de la France Libre, lors de l’occupation de la France par les troupes allemandes.
Toutes les autres ex-colonies de l’Afrique équatoriale française, à l’instar du Tchad, du Cameroun, du Gabon et de la République centrafricaine, prendront part à ce colloque. Pour rafraichir les mémoires, nous republions l’article sorti dans nos précédentes éditions.
L’Allemagne occupe la France durant la IIème guerre mondiale et installe le Gouvernement de Vichy, dirigé par le maréchal Pétain, poussant les résistants en exil. A partir de Londres, le général De Gaulle va organiser la résistance contre l’occupant et profiter de ses colonies africaines ralliées à la France Libre, depuis août 1940, pour continuer la lutte contre les forces de l’Axe (Allemagne et Italie) jusqu’à la victoire finale.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le général De Gaulle, par son appel du 18 juin, demande la poursuite de la lutte en se basant sur les colonies dont la France dispose en Afrique. C’est Félix Éboué, gouverneur de la colonie française du Tchad, soutenu par le colonel Marchand et par Henri Laurentie, le premier à rallier la France libre. Et les colonies de l’Afrique équatoriale française vont se rallier progressivement à la France Libre.
Ce premier ralliement du Tchad permet à la France Libre de disposer d’un territoire, d’y exercer sa pleine souveraineté, de bénéficier des contributions publiques, de lever des troupes. Après suivra le ralliement d’autres colonies comme le Cameroun francophone, le Congo français et l’Oubangui-Chari (actuelle République centrafricaine). Une offensive des Français libres, dirigés par Leclerc, après des combats du 9 au 11 novembre, force le ralliement du Gabon.
C’est alors la totalité de l’Afrique équatoriale française, plus le Cameroun français, qui forme l’Afrique française libre, érigée en Haut-commissariat le 12 novembre et Brazzaville en devient la capitale. Après être passé par Douala au Cameroun et par le Tchad, le général De Gaulle arrive le 24 octobre 1940 à Brazzaville, qui était déjà le siège du gouvernement du Congo français, et le siège du gouvernement général de l’AEF.
Brazzaville devient la capitale de l’Afrique française libre et de toute la France Libre. Elle restera la capitale jusqu’en 1943, quand Alger prendra la suite. Charles de Gaulle y exerce ses fonctions régaliennes. C’est à Brazzaville qu’il signe les premiers décrets et ordonnances qui organisent la France Libre. Il y crée le 27 octobre 1940 le Conseil de défense de l’Empire qui est l’embryon du premier gouvernement de la France Libre, et avec pour but la conduite générale de la guerre en vue de la libération de la France occupée. Charles de Gaulle y institue aussi l’ordre de la Libération, le 16 novembre 1940.
Le nouveau gouverneur général de l’AEF (Afrique équatoriale française), Félix Éboué, réunit régulièrement les responsables des colonies françaises, notamment le 30 janvier 1944, dans l’objectif de l’« Union française ». L’Afrique française libre perdra le premier plan après le débarquement américain de novembre 1942 en Afrique du Nord, quand Alger deviendra la nouvelle capitale de la France Libre en 1943, et que seront réunies l’AFN, L’AOF et l’AEF.
Charles de Gaulle instaure l’attribution des croix de la Libération pour récompenser les Africains qui ont combattu pour la France Libre en qualité de compagnon de la Libération. Sur près de deux cents dossiers, seuls quinze dossiers des Africains ont abouti.
La case De Gaulle
Étant devenue la capitale de la France Libre, Brazzaville avait vocation de recevoir des visites du Général de Gaulle. La « Case de Gaulle » a donc été construite à partir de mai 1941 pour servir de « case de passage aux hôtes de marque », et spécialement pour assurer une résidence digne du rang de chef de la France Libre. Le Général est revenu ensuite au moins une ou deux fois, notamment à l’occasion de la fameuse Conférence de Brazzaville de 1944. La Case de Gaulle est devenue aujourd’hui la résidence de l’Ambassadeur de France à Brazzaville.
Herman Bangi Bayo