Conduire à Kinshasa révèle désormais d’un chemin de la croix. En cause, les embouteillages montres qui, au quotidien, rythment la vie, les rues et les avenues. Chaque jour, en effet, les artères principales sont envahies par des véhicules, des motos et des engins à trois roues qui se disputent le passage, dans une cacophonie indescriptible. Un tableau presqu’apocalytique d’une ville aux abois.
Les automobilistes et les conducteurs des taxis-motos sont obligés de faire des pieds et des mains, pour atteindre leur destination au grand désenchantement des passagers englués dans des interminables bouchons jusqu’à y passer des heures entières. Cela fait partie de leur lot quotidien. Ils ne s’en plaignent plus parceque l’ayant dorénavant intégré dans leur vécu quotidien.
Aujourd’hui plus qu’hier, le rues de Kinshasa ressemblent à la cour du roi Pétaud, une sorte de jungle où la loi du plus fort dicte la conduite. Ici, il faut faire abstraction de la réglementation routière. Tout le monde est pressé. Pas étonnant de voir des véhicules rouler à sens contraire, slalomer, voler la priorité, contourner des trajectoires ou carrément, former des multiples bandes au vu et au su des agents qualifiés.
Équation à plusieurs inconnus
Qu’est-ce qui explique ce phénomène naissant d’embouteillages jadis quasi inexistant ? Au nombre des facteurs explicatifs, il y a la taille de la population kinoise qui a quadruplé ces dernières décennies sans que ses besoins en mobilité ne soient satisfaits.
Si en 1960, Kinshasa était habitée par à peine 1 million de citoyens, une croissance exponentielle s’est produite au cours des dernières décennies, car la Mégalopole est aujourd’hui habitée par près de 17 millions d’âmes. Troisième agglomération d’Afrique, la ville n’a curieusement pas aggrandi ses artères, ni n’en a créé d’autres.
Par ailleurs, Kinshasa en elle-même n’a pas été construite de façon à fluidifier la circulation. Elle continue de garder sa configuration coloniale d’une ville écartelée entre les quartiers huppés des évolués et les cités dortoirs pour indigènes. De telle sorte que c’est dans le centre des affaires (Gombe et ses annexes) où sont établies le gros d’emplois rémunérateurs.
Ce qui explique la ruée matinale des Kinois vers le centre-ville, lieu de concentration de toutes les activités administratives et commerciales, et leur retour au bercail en début de soirée. Un exercice devenu routinier.
Aux heures de pointe, le spectacle est simplement ahurissant. Des centaines de taxis à quatre roues, voitures ou mini-bus souvent hors d’âge et bondés de passagers au mépris de toute décence, s’accaparent les voies publiques à coup de klaxons. Dans une ville où n’existe quasiment pas un système de signalisation adapté, encore moins, des agents de régulation bien formés, il faut s’attendre à des pareilles scènes surréalistes.
Un phénomène complexe
En l’absence d’un système de transport public digne de ce nom, les Kinois sont, dans leur large majorité, obligés de se faire Hara Kiri en se rabattant sur les motos, à défaut de faire le pied. À leurs risques et périls. Là, encore, c’est un tout autre problème venu compliquer inutilement la donne. Les conducteurs des taxis motos roulent comme bon leur semble, ne respectent aucune règle de conduite, et sont à la base de nombreux accidents de circulation.
Moralité : les routes bondées de Kinshasa avec sa voirie complètement dégradée et datant de l’époque coloniale, n’offrent plus aucune sécurité aux conducteurs obligés, bien malgré eux, d’enfreindre le code de la route, question de se mettre à l’air du temps face aux « chauffards » visiblement soumis à aucune restriction.
À tout prendre, il est plus que nécessaire d’accélérer les travaux de voirie à Kinshasa en vue de désengorger la ville et réduire sensiblement les embouteillages. À défaut de construire de nouvelles routes, il faudra penser à réhabiliter celles dites secondaires laissés en état d’abandon depuis des lustres et veiller à l’extension de la ville par la multiplication des pôles d’attraction et de développement.
Outre la nécessité d’intégrer la régulation et le transport de masse, il faudra également s’assurer du respect strict du Code de la route par tous les usagers, y compris les cyclistes et les piétons.
Enfin, il faudra instaurer l’autorité de la police de circulation routière en commençant par rétablir la discipline et l’intégrité dans ce corps spécialisé de la PNC et organiser, pourquoi pas, des séances de formation et de mise à niveau.
ANDEMA