En tirant les enseignements des élections de 2018, on savait que celles de 2023 allaient faire le trop plein des candidatures. On y est. Jamais, dans l’histoire de ce pays, l’on a enregistré une pléthore des candidatures à tous les niveaux des scrutins.
Comparativement aux cycles électoraux précédents, cette fois-ci, la Centrale électorale a eu du pain sur la planche. Plus de 15.000 candidats ont, en effet, postulé aux législatives afin d’occuper les 500 sièges disponibles. Ce qui a alourdi la machine au niveau des BRTC qui ont vu leur volume de travail augmenter avec, à la clé, un traitement laborieux des dossiers recensés.
L’engouement générale, particulièrement pour la députation nationale, ne peut s’expliquer que par l’appétence qu’inspire la fonction parlementaire en termes de traitement. En effet, les 21.000 USD que toucheraient les députés nationaux, assortis des primes diverses et autres avantages en nature, rendent la fonction parlementaire plus attrayante que les autres professions relevant du domaine public. D’où la ruée générale vers l’hémicycle du Palais du peuple.
Dans un pays où la répartition équitable du revenu national est un leurre, l’attrait vers la politique qui passe pour l’employeur par excellence, justifie tout. Moralité : enseignants, professeurs d’universités, médecins, magistrats, agents de l’Etat, policiers etc, n’ont plus le cœur à l’ouvrage. Ils ne rêvent que des émoluments concédés aux fameux représentants du peuple.
Difficile dans ces conditions pour les électeurs, de choisir entre des candidats porteurs des projets de société convaincants et des propositions concrètes censés régler leurs problèmes et les opportunistes de tout bord qui veulent se servir d’eux juste comme tremplin pour accéder à la mangeoire.
En l’absence d’une véritable classe moyenne dans un État qui a tout misé sur le personnel politique, les fondements sociaux sont en passe de se déstructurer pour céder le flanc à la quête du gain facile.
Jean Pierre Eale