Le mois de décembre arrive à grands pas, marquant la fin d’une année exécrable à tous points de vue. L’année 2024 marque le paroxysme d’un règne chaotique qui a plongé le Congo dans une détresse profonde dont il ne se relèvera pas de sitôt.
La trésorerie publique est totalement asséchée, plombée par les détournements massifs de deniers publics et des conflits d’intérêts qui sont devenus chroniques du fait de la gestion patrimoniale et clanique de l’État depuis plus de deux décennies. Ce qui impressionne par-dessus tout, c’est l’amateurisme et l’incompétence érigés en critère d’excellence au sommet du gouvernement. Quatre (4) ministères sont emblématiques de ce maelstrom géant qui tire le pays vers le bas.
D’abord le Ministère de l’Économie et des Finances, dirigé par Jean-Baptiste Ondaye(JBO), dont on peut certifier désormais la défaillance totale à la fois en termes de management et de conception technique. L’ambitieux plan d’échanges de dettes, intitulé Programme National d’Optimisation de la Trésorerie (PNOT) dont il se satisfait (Communiqué n° 911 du 11/11/2024), est plus qu’une simple faillite : Échanger de la trésorerie qui est de la dette à court terme (inférieure à un an) contre une dette à moyen terme (supérieure à un an) ne peut se faire sans payer le prix d’une surcote qu’on appelle le premium.
Or selon JBO ce changement/rééchelonnement se serait fait à taux constant. Ce qui pose le problème évident de l’obligation de la publication de la liste détaillée des créanciers qui ont accepté ce « deal ». On comprend qu’il s’agit d’un retour déguisé de l’argent volé par les mêmes détourneurs qui se prennent pour des investisseurs, pensant tromper les sachants. Le résultat a été immédiat : les agences de notation ont dégradé la note souveraine congolaise de B- à CC, (cf agence Standard & Poor’s, 30 octobre 2024) qui doutent de la capacité du Ministre des finances à faire face à ses échéances de paiement à très court terme, et surtout, elles ne comprennent rien du tout du salmigondis de pseudo montage financier organisé.
L’opération d’In-substance defeasance qui aurait dû intervenir en lieu et place de ce montage grossier et stupide devrait s’appuyer sur des sous-jacents non gagés dont dispose encore la république : les mines solides. Il aurait suffi de les rassembler dans un établissement public autonome doté de la personnalité morale pour pouvoir adosser leur flux de trésorerie à ceux d’un mix de stock de la dette intérieure et extérieure et dont la maturité serait équivalente.
Le second schéma aurait dû être la titrisation d’un autre mix de stock de la dette par swap de warrant par la SNPC qui dispose de sous-jacents (gisements) suffisants pour garantir une confiance. Cela suppose le limogeage de l’équipe constituée par Raoul Ominga et Lucien Ebata pour y mettre par exemple Steve Onanga dont le profil et la mentalité sont de très loin supérieurs aux précédents.
Le troisième schéma aurait été la titrisation d’un dernier stock de la dette exclusivement intérieure suivant le même schéma par les sociétés E2C, LCDE, PAP(…) qui disposent de marges de manœuvre suffisantes mais érodées malheureusement par un management truffé de voleurs et de corrompus.
Toutes ces structures font partie des déclencheurs retenus dans le cadre du processus de négociation Congo-FMI-Banque Mondiale depuis 2007. Il conviendrait d’y rajouter AERCO et l’ANAC, le CFCO et plus tard le PAPB, SCLOG, etc. On comprend tout de suite que l’octroi de la majorité des permis d’exploitations minières par Pierre Oba à ses rejetons et proches obère toutes possibilités de relance économique.
L’ARPCE, troisième niche riche en potentiel, certes bien gérée mais convoitée par plus d’une autorité qui veut l’avoir à défaut de la vider de sa substance.
En second lieu se pose le problème du Ministre du budget, des comptes publics et du portefeuille, Ludovic Ngatsé, à qui, il revient d’alimenter la trésorerie de l’État. Ici, l’Archer Capital qui endette le Congo à 7,5% sur le marché financier des OAT/BTA se finance lui-même à 4% engrangeant à chaque appel de titres le différentiel de 3,5 points de base se faire une manne personnelle de 2314 milliards x 3,5% = 80,99 milliards de FCFA !!! Voilà qui explique la création de cette société dont le capital social est passé en moins de 5 ans de 10 millions (2020) à plus de 12 milliards de FCFA (2024) ! Andely a été éjecté du gouvernement en grande partie à cause de cette société protégée bec et ongles par Silvère Dongou, Denis Christel Sassou Nguesso, Jean Jacques Bouya et cohorte qui pillent copieusement le pays. La DGID et la DGDD doivent être audités sans délai pour fermer les trous percés aux fins de vols crapuleux.
En troisième lieu on retrouve le ministère de la Justice et des droits humains dirigé par Wilfried Bininga, haut lieu de crimes économiques et concussions diverses, lui-même ayant été un ancien détenu (!) dans le cadre du détournement de l’argent des ARV pour les 9.037 malades traités qui sont tous morts à ce jour par ses exploits. Incapable d’arrêter la marche des choses, en raison de son propre profil de criminel-voleur, il regarde l’eau couler sous les ponts.
En quatrième et dernier lieu se trouve le ministère de l’intérieur, dirigé par Raymond Mboulou, extrêmement budgétivore, mais incapable d’assurer les missions de sécurité régaliennes ordinaires (cas des pylônes électriques de la E2C et le phénomène bébés noirs), de prévenir les détournements, d’arrêter les malfrats du CHU, de l’Université Marien Ngouabi ou encore de la chaîne de la dépense d’investissements (Grands travaux).
Le Congo est pourtant riche, il n’y a donc pas de raison d’aller quémander ici et là, comme s’y emploie M. Sassou, le globe-trotter. Une quête d’argent qui l’a conduit à se faufiler dans les méandres des BRICS et consort, et à chercher des soutiens financiers presque improbables. Espère-t-il en tirer quelques subsides ? Le doute est dans l’esprit des fins observateurs de la géopolitique financière. Et pour cause, le Congo n’inspire plus confiance. Les conseillers de la dernière heure que sont Raoul Ominga, Jean-Jacques Bouya(JJB), Lucien Ebata, Françoise Joly sont des hyènes autour du malade Sassou dont ils s’apprêtent à dévorer le cadavre. Les vrais protégés actuels de la famille de Sassou l’apprendront à leurs dépens une fois qu’ils arriveront au pouvoir. Ils seront lynchés et jetés à la vindicte du peuple sans autre forme de procès, comme de parfaits boucs émissaires.
La république dont on célèbrera la proclamation le 28 novembre n’est plus que l’ombre d’elle-même. La res publica a été confisquée par la Nomenklatura pécétiste. Le peuple ne s’y retrouve plus. Le 31/12/2024, un autre rituel s’invitera et M. Sassou servira aux populations le même narratif au contenu flatteur mais vaseux. Réussira-t-il enfin à convaincre les Congolais après quatre décennies de règne ? Aura-t-il matière à meubler son discours sur l’état de la nation qui puisse lui permettre de recevoir du peuple un satisfecit ? Les rêves des Congolais ont été brisés depuis belle lurette, il n’y a pas lieu d’exulter. Le Congo est dans un marasme à nul autre pareil. La crise est profonde, le pays est en cessation de paiement. Il y a deux ans, nous avions tiré en vain la sonnette d’alarme sur cette situation dans une de nos publications. Nous étions traités d’oiseaux de mauvais augure.
M. Sassou et ses compagnons tels que, Calixte Ganongo, Andély Roger Rigobert, Pierre Oba, le duo Gilbert Ondongo et JJB, etc., ont laissé dépérir le Congo. La mauvaise gouvernance a gangrené la bonne marche du pays. Selon certaines indiscrétions, ACM payerait les dettes occasionnées par les quatre ministres qui ont tenu le portefeuille des finances.
Comment et pourquoi en est-on arrivé là ?
L’année 2024 a été pavée de paroles vaines et de promesses non tenues. Les 100.000 emplois promis à la jeunesse pour cette année civile se sont effilochés et flexibilisés pour s’étendre sur plusieurs années, à en croire Thierry Moungalla. Avait-on un couteau à la gorge pour faire une promesse aussi rocambolesque et incertaine. Une insulte de plus à la jeunesse ! Le peuple dans toutes ses composantes est dévêtu de sa dignité et de sa souveraineté. Souveraineté jetée en pâture aux vautours rwandais avec la cession ou la vente des terres congolaises. Le peuple congolais veut prendre ACM au mot et l’attend au tournant pour voir si la caducité des accords, telle que promis, va se réaliser le 15 décembre. En tout état de cause, le peuple et les parlementaires les ont fermement rejetés. Non aux accords, oui à leur annulation pure et simple. Et si des sommes d’argent ont été indûment perçues, elles doivent être restituées derechef à la partie rwandaise.
Si les Congolais veulent reconquérir la toison d’or, il leur faut balayer ce pouvoir qui peine à changer sa manière de gérer. Le Congo a besoin de gestionnaires intègres et patriotes, soucieux du bien commun. Les toutes récentes nominations au Trésor public (Décret n° 2024-2675 du 9/11/2024) continuent de perpétrer la gestion clanique, une antinomie de l’orthodoxie que le pays recherche. Les habitudes sont têtues. La réduction du train de vie de l’État se fait toujours attendre. Les gouvernants restent campés dans leur confort. Il en est de même pour la pléthore d’institutions budgétivores dont on doit se débarrasser.
Des réformes vigoureuses sont nécessaires en vue d’un aboutissement heureux des discussions avec le FMI dont la dernière revue se tiendra au mois de décembre. Si le pouvoir ne s’y consacre pas, la gadoue ira en s’épaississant davantage, et il ne restera plus rien du Congo.
Ghys Fortune BEMBA DOMBE.