L’Histoire vous jugera.
L’élection présidentielle de Félix Tshisekedi avait provoqué un véritable big-bang politique, elle n’était en réalité que la résultante de mouvements tectoniques qui travaillaient souterrainement depuis des années , des îlots politiques, sociaux, économiques et sociaux de la RDC .
Si la décrispation politique est incontestable et acquise – la libération des prisonniers politiques, la suppression des cachots de l’ANR, la liberté de manifester avec pour corollaire l’interdiction faite aux policiers de faire usage de la force, surtout de tirer à balles réelles-, son pouvoir a mis en évidence la fragmentation du pays et n’a pas réglé tous les problèmes des congolais .
La sociologie, la géographie électorale et politique n’ont pas vraiment évolué, mais la matrice fédératrice de tous les congolais, toute tendance politique confondue, reste aujourd’hui la promotion du droit: l’instauration réelle de l’Etat de droit.
BIG BANG JUDICIAIRE
La détention préventive du tout-puissant directeur du cabinet du Chef de l’Etat et son procès est une avancée sous-jacente d’une democratie fondée aujourd’hui sur la légitimité du droit , mais aussi avec les réseaux sociaux une prise en compte désormais de l’opinion de la population congolaise.
Pendant longtemps ces juges étaient vilipendés, corrompus, aux ordres des politiques ou politisés, ils ne disaient pas le droit. Le gros de la population est victime de cette justice dévoyée et loin des préoccupations des congolais d’en bas.
Ces offensives judiciaires symbolisent la fin des immunités, la fin des intouchables. L’opinion congolaise très sensible suivra de très près ce procès, elle est majoritairement favorable à la fin des impunités, à l’instauration de l’Etat du droit; d’autant plus le nombre des pauvres s’accroît davantage et leur sort ne s’améliore pas.
La tentative du gouvernement en conseil des ministres suggérant la libération de Vital Kamerhe dans le but de désengorger les prisons, a été très mal perçue par l’opinion, le gouvernement a violé la règle de séparation des pouvoirs, un gouvernement ne demande pas la liberté provisoire des prévenus dont les dossiers sont déjà transmis au Tribunal et qui ne sont pas encore jugés.
Le président de la République a tout à y gagner en laissant la justice faire son travail, même si l’ouverture de la boite à pandore est à craindre et même si, sa famille et son entourage le plus proche sont concernés selon les rumeurs non fondées.
Pendant longtemps, s’opposaient deux logiques en RDC : l’une fondée sur la toute-puissance des hommes politiques ; l’autre sur l’impuissance d’une justice corrompue et inféodée.
L’émancipation des juges est saluée par la population, la classe politique réalise peu à peu, qu’elle est justiciable comme les citoyens d’en bas avec cette nouvelle présidence.
La corruption, le détournement des deniers publics sont de véritables cancers qui empêchent le développement de la RDC.
Le civisme politique et institutionnel, la lutte contre les inégalités sociales, l’accès aux soins médicaux,l’égalité de tous devant la loi, le bien-être de la population ne seront acquis qu’avec une justice indépendante et impartiale. L’intégrité de l’État est à ce prix.
Le crédit et le prestige des juges sont moindres, voire même inexistants, avec ce projet historique, nos magistrats sont en train d’écrire leur propre histoire et, l’Histoire de tout un pays.
Ces chevaliers blancs doivent désormais incarner la vertu, les lois doivent renforcer leur indépendance, leur impartialité et sanctionner sévèrement des juges corrompus.
Jeanclaude Mass Mombong