Début du renouveau ! La nouvelle de la détention provisoire à la maison d’arrêt de Kinshasa à Makala de Vital Kamerhe ci-devant directeur de cabinet du chef de l’État et principal allié politique du président de la République continue de défrayer la chronique. L’établissement pénitentiaire connaît ces jours-ci une ambiance mouvementée.
Arrêté dans le cadre d’une vaste enquête sur le décaissement des fonds publics destinés au financement des grands travaux engagés par la plus haute hiérarchie du pays. L’affaire est dans toutes les bouches d’autant que c’est une première dans l’histoire du pays qu’un plus proche collaborateur du chef de l’État, encore dans l’exercice de ses fonctions soit placé sous les verrous de manière aussi spectaculaire. Perçu comme un coup de tonnerre, cet envoi derrière les barreaux suscite des commentaires en sens divers.
Pendant que de nombreux observateurs y voient comme un début d’une nouvelle ère de la justice congolaise avec à la clé la manifestation de l’instauration d’un véritable État de droit, d’autres, en revanche, tournent cela autrement en arguant que c’est complot ourdi contre lui. Il n’est d’ailleurs pas seul dans cette histoire. Beaucoup avaient déjà vu le coup venir, lorsque par exemple le patron d’une banque de la place a séjourné dans cet univers carcéral après avoir été auditionné dans le cadre de la passation des marchés publics assortie des arrangements de gré à gré.
Tout semble accabler Kamerhe devant des questions auxquelles il n’a pas pu donner des réponses convaincantes, sans bien évidemment apporter la moindre preuve du contraire. Ses proches, notamment son épouse et sa famille et bien au-delà de ce cercle, ont dû bénéficier de ses largesses, il en de même des personnes non qualifiées de son obédience. C’est en somme un détournement des deniers publics au détriment du trésor public qui a vu s’échapper des caisses des sommes faramineuses ayant servi à engraisser une catégorie d’individus évoluant jusque-là comme des intouchables privilégiés. Un banquier et quelques chefs d’entreprises visées dans ces contrats y sont passés. Est-ce la fin de l’impunité ? Ce serait très tôt de s’y prononcer ! Voilà que la scabreuse affaire de rétrocommissions qui avait brûlé les lèvres il y a quelques mois lui retombe sur la tête. A tout prendre, cela marque en fait le «renouveau» de la justice dans la lutte contre l’impunité des élites. Le pli étant pris, dans cet élan la justice ne va nullement s’arrêter en si bon chemin. Plusieurs noms sont cités au passage et les semaines à venir donneront assurément du blé à moudre.
En somme, le parquet recherche tous les indices afin de pouvoir nettoyer les écuries en faisant simplement appliquer la loi. Qui pollue, paie !