Comme à peu près le temps d’une mi-temps d’un match de football, l’adresse à la Nation du président de la République prononcée à la veille de la commémoration de notre accession à la souveraineté internationale
a duré 43 minutes (chrono en main). Les premiers instants de son allocution, il les a réservés à un hommage mérité aux artisans de notre indépendance en évoquant deux personnes aux tempéraments différents : Joseph Kasa-Vubu et Patrice Lumumba. Ce dernier ayant été reconnu, de longue date, et de manière irréfutable, héros national. Il a paru juste, 60 ans plus tard, plus d’un demi-siècle après sa mort (le 24 mars 1969),
de le rehausser, relever, rétablir, revaloriser. Usant de son pouvoir discrétionnaire, il a donc plu au chef de l’État de procéder à une réparation tardive d’une injustice en l’élevant (aussi) au rang largement mérité d’Héros national. Comme un but marqué dès les premières minutes d’une joute très attendue.
Pour avoir écrit, cela a été maintes fois démontré de façon irréfragable, un chapitre glorieux de notre histoire. Voilà la Nation (enfin) reconnaissante !
A la suite des mots, des débats ! Si l’essentiel a été fait, le reste n’est que bagatelle…
Ainsi que l’a été Galilée par l’Église catholique, quatre siècles plus tard. Ceux de la génération actuelle de jeunes ne pourront plus se coltiner les méninges sur ce personnage déterminé pour la cause de l’indépendance
dont la modestie et l’humilité étaient des qualités. Déjà cet ancien séminariste a figuré au nombre de ses pairs à Addis-Abeba pour signer la Charte fondatrice de l’OUA, l’ancêtre de l’UA. L’embouteillage de mots suscité ne saura rien changer à cette nouvelle donne. Les voies de Dieu étant insondables et plus que jamais, se vérifie l’adage « Mieux vaut tard que jamais ». Quelques années de retard valent mieux que jamais. Nul n’ignore nos rapports tumultueux avec notre ancienne métropole, la Belgique, dont on a épinglé le jeu malsain durant la coloniale. Au delà de toutes les diverses autres considérations, cette réhabilitation n’est que juste récompense d’un héroïsme longtemps gardé dans les tiroirs dont la matérialisation n’a été que ce que l’ensemble de Congolais souhaitaient vivement : la décolonisation (processus d’émancipation). Et la Table ronde de 1959 à Bruxelles n’a fait que formaliser son aboutissement.
Bona MASANU