Pas de panique Excellence Monsieur le Premier ministre ! . Le » variant kinois » n’a rien en commun avec les variants britannique et sud-africain. Mais, il n’en demeure pas moins destructeur, corrosif et donc dangereux. C’est un virus qui prend corps dès qu’une personne accède à de hautes fonctions. Ses symptômes ? Facile à détecter.
Pas besoin de test antigénique rapide par prélèvement nasal. Pas la peine non plus de recourir au tout récent test salivaire. Pas donc de soucis supplémentaires pour Dr Muyembe, le Monsieur lutte anti-Covid-19 du Pouvoir congolais.
Le variant kinois se manifeste plutôt par la kyrielle de messages dont voici quelques échantillons. Jusqu’au jour de sa nomination comme Premier ministre, le successeur d’Ilunkamba n’avait pas d’amis en dehors de son cercle intime. Maintenant, « les amis de Sama Lukonde » vont surgir de tous les coins de Kinshasa.
Afin que l’intéressé ne l’ignore, des banderoles, des panneaux vont s’inviter dans les différents carrefours de la tentaculaire capitale rd congolaise avec mention en grand et en gras : « Les amis de Sama Lukonde ». D’où viennent-ils ? De quand date l’amitié avec le Premier ministre ?
En la matière, l’imagination fertile des Kinois n’est pas sans limite. D’autres pourraient lancer un « Fan club Lukonde », « Soutien aux actions de Sama Lukonde » avec un sigle opportunément trouvé. D’autres encore »l’association d’anciens condisciples de Sama Lukonde vivant à Kinshasa ».
La survie de toutes ces « organisations » dépendra de la réceptivité ou pas de l’intéressé. S’il s’avère fort peu coopératif, comme son prédécesseur direct, ces associations « perdiémique », -un néologisme kinois- feront pschitt.
Si, en revanche, à la manière du Corbeau et du Renard, le nouveau chef du gouvernement souscrit au sempiternel « tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute », ces différents fans clubs feront florès. Et les initiateurs en feront leur fonds de commerce.
Même chose au plan « communautaire ». Il est des compatriotes vivant depuis des décennies à Kinshasa, coupés de leurs milieux d’origine, qui n’attendent que de telles occurrences pour se rappeler au bon souvenir du promu. Bonjour « les ressortissants de… » !
Le Grand Katanga fêtera son digne fils. Le Haut Katanga portera aux nues son digne représentant. Avec une incise au passage selon laquelle c’est la première fois depuis des lustres qu’un des nôtres accède à la Primature.
Les associations socio-culturelles -expression pudique pour désigner les groupes ethniques d’origine du Premier ministre- y iront de leur musique. Non sans souligner qu’ils apportent leur soutien au Président de la république pour cette nomination. Dans ce genre de circonstance, le vernis « parti ou famille politique » cède la place à la réalité bien de chez nous.
Face à ce « variant kinois », le Premier ministre a deux choix. Soit il se laisse contaminer pour un confort nombriliste ou sentimental. Soit il se fait vite vacciner pour se consacrer à sa tâche à caractère national. José NAWEJ