Effervescence à notre nganda-bar du quartier. Bonana ! Bonana ! Ici, au comptoir du nganda-bar, les débats s’échauffent autour du recensement, autour des photos-passeports altérées sur les nouvelles cartes d’électeur, autour des victuailles comme cadeaux de fin d’année en ballade dans des taxis-bus surchargés, autour de la colère des dieux sous des orages rageurs et ravageurs, autour des invectives politiciennes style campagnes pré-électorales. Mais surtout des débats autour des derniers sondages pour désigner les meilleurs ministres. Chaque organe de presse a déroulé ainsi ses méthodes particulières de sondages et de sélection des « chouchous » auprès de l’opinion de potentiels électeurs. Bien entendu, dans notre cabinet ministériel, c’est le suspense et l’agitation comme à la veille des résultats référendaires.
… Puis , le lendemain, coup sur coup, les résultats des sondages sont tombés. A la Une du Journal A, sur les dix meilleurs, notre patron de ministre, pourtant ministre d’Etat toujours en verve, n’y figure pas. A la Une de la chaîne B, toujours rien ! Au sein de notre cabinet ministériel, la fièvre est montée et notre ministre d’Etat est dans tous ses états. D’autant plus que les qualités prêtées aux ministres « chouchous » des premiers sondages semblent surfacturées… Notre patron a alors demandé à notre Dircab (qui se vante pourtant d’avoir un réseau médiatique puissant…) de réclamer des comptes aux organes qui nous semblent généralement affidés.
Et voici la Une du bi-hebdomadaire C : notre ministre d’Etat apparait quand même , mais timidement comme en traînant les pieds, pour ainsi dire, à la dixième et dernière position .
C’est enfin à la Une de l’Edition spéciale, dûment revue et corrigée, du même Journal A d’hier , que l’on a retrouvé le nom de notre ministre d’État . En gros et en gras ; et en tête de liste, au numéro 1 parmi les meilleurs. Et avec, en sa faveur, des superlatifs que lui-même le ministre, hyper épanoui, a peine à reconnaître !
Qu’à cela ne tienne : pour notre Dircab et pour nous membres du cabinet ministériel, c’était le soulagement, le pari gagné. Et vive BONANA !
YOKA Lye