La date du 24 avril 1990 restera gravée dans la mémoire collective des zaïrois.
Après 25 ans de règne sans partage, le maréchal Mobutu Sese Seko annonce le 24 avril 1990 la fin du parti unique au Zaïre et tente l’expérience du pluralisme politique.
Le président -fondateur se présente devant un parterre de ministres, magistrats, généraux et parlementaires, vêtu d’un uniforme noir de maréchal ,annonce la fin du Parti État.
Le contexte politique
Après une large consultation populaire initiée par le président Mobutu lui-même, mais conduite par monsieur Mokolo Wa Mpombo ,les zaïrois se sont prononcés sur le fonctionnement des institutions de la IIe république. Engouffrés dans cette brèche de liberté d’expression, les zaïrois ont exprimé une critique radicale du système politique débouchant sur la contestation du régime.
Le Zaïre ne pouvait résister face aux vents de la démocratisation, tirant les conclusions et conséquences politiques de ces mémorandums, le maréchal surprendra tout le monde en annonçant la fin du monolithisme politique.
Le multipartisme instauré sous les larmes du maréchal Mobutu
Devant les caméras et les dignitaires du régime, d’une voix martiale , le président autorise le pluralisme politique avec à la base le principe de la liberté pour chaque zaïrois d’adhérer à la formation politique de son choix, mais les zaïrois retiendront les larmes du maréchal et sa phrase qui est devenue célèbre dans le langage courant des zaïrois : « Comprenez mon émotion ». Le président en parlant de son avenir politique, saisi par l’émotion, avait laissé échapper quelques gouttes de larmes. Et le soir même, on recensait plus d’une centaine de partis politiques, même ses plus proches collaborateurs sont passés dans l’opposition.
Le président a pris congé du Mouvement populaire de la révolution (MPR).
La chute du mur de Berlin
La chute du mur a provoqué le processus de démocratisation de l’Afrique, elle a enlevé toute référence aux dictateurs africains qui s’appuyaient sur la rivalité Est/Ouest. Cet enjeu disparaîtra avec le discours de François Mitterrand conditionnant l’aide et le soutien de la France à la démocratisation des régimes politiques africains.
La vague des indépendances des années 1960 avait vu déferler des partis uniques, des régimes militaires et de dictature. L’instauration de ce monolithisme politique était justifiée par une doctrine faite de deux volets principaux : il fallait construire l’Etat-Nation d’une part et établir l’unité nationale ; pour cela il fallait un parti unique.
Mais la mauvaise gestion interne a aggravé, ici et là, la situation, le bouclage de la vie politique par un seul parti a été rejeté par l’ensemble des citoyens. Il s’en est suivi de la conférence nationale, d’un nouvel environnement recouvrant un champ de libertés plus étendu, l’émergence d’une société civile plus active , avec une presse pluraliste, dont la liberté de ton a tranché la tonalité monolithique qui prévalait au paravent.